Photo credits © Odile Decq
Le projet de rénovation du Centre de recherches verrier du groupe Saint Gobain – implanté dans des entrepôts de briques et charpente bois du XIXè siècle – a été abordé exclusivement par l’extérieur: aménagement des abords, réfection de la couverture ainsi que des façades.
Aucune intervention intérieure n’a eu lieu et le bâtiment devait continuer à fonctionner pendant la durée des travaux, ce qui a conduit à choisir des dispositifs de chantier et des systèmes de construction modulaires dont la mise en œuvre permette une rapide dépose et pose des matériaux. Les abords du bâtiment ont été repensés: les rangées de parking, auparavant à fleur de la façade nord ont été repoussées de quelques mètres, laissant place en bordure à une pelouse interrompue d’un cheminement piéton, à des plantations de bouleaux, d’érabies et de haies basses.
Mais c’est avant tout face à la vastitude des surfaces que les architectes ont dû trouver une stratégie de projet. Des surfaces qui s’apparentent davantage à des territoires: deux hectares de couverture (traitée en membrane double peau PVC), un hectare de façades pour 400 mètres linéaires. Il s’agissait donc de « couvrir» ces « territoires„ en trouvant les matériaux et la mise en œuvre adaptés à la frugalité du budget, tout en établissant une réelle cohérence avec l’image de haute performance et d’efficacité dont le groupe Saint Gobain est porteur.
Les architectes se détournent d’une solution trop générique et optent pour un systématisme « diversifié„. Ici, la stricte répétition de « matière„ en façade est davantage donnée à lire comme abstraction – car généralisée – que comme addition. Deux attitudes ont été adoptées, visant les façades sud et nord. La réflexion portant sur la façade sud renvoie à une position résoIument urbaine – en continuité sémantique avec l’héritage industriel des halles modulaires, alors que celle qui porte sur la facade principale révèle une attitude plus identitaire attachée à représenter le savoir faire de l’entreprise. Chaque travée de cette façade nord, largement vitrée~ est composée de trois parties: une partie supérieure triangulaire en verre structurel laissant apparaître la charpente bois, quatre rangées de vitrages bigarrés – pris en feuillure de haut en bas et collés latéralement – sélectionnés parmi soixante types de verre de Saint Gobain, et un soubassement constitué d’anciennes briques, alors peintes de noir. La disposition des parties vitrées ayant été fortement contrainte par le cloisonnement des bureaux qui varie d’un étage à l’autre. Des lisses filantes horizontales affirment la linéarité de la façade et accueillent alternativement des parties fixes, des parties comportant des ouvrants ou bien des allèges opaques.
Rafraichir voire restaurer les briques de la façade sud – comme la ville l’aurait préféré – eut été trop coûteux. Il a donc été question de chercher un matériau ayant des qualités comparables en terme de durabilité, de patine et de teinte. Le choix s’est porté sur un bardage en acier autopatinable préoxydé: des panneaux d’lndaten allant jusqu’à 550 cm de portée, montés sur une ossature métallique fixée sur la charpente bois existante. Les baies du niveau supérieur de façade d’origine ont été systématiquement rendues carrées, alors que le rez-de-chaussée comporte des ouvertures moins hautes, intégrées à une bande horizontale rasant le soubassement béton.
Les plaques d’lndaten – calepinées horizontalement – ont donc été posées par l’extérieur, devant les briques, sans marquer de volonté de cacher le remplissage d’origine, bien au contraire. Le contour des percements laisse franchement apparaître la composition du mur. Et c’est cette distance entre la nouvelle vêture -qui paraît une grande lame – et le parement initial qui offre une lecture de la façade à la fois nerveuse et claire: les angles et arêtes sont vifs, les baies régulièrement alignées et nettes, I’horizontale très marquée. Cet interminable rempart rubigineux-qui s’appréhende non pas frontalement mais latéralement- se voit aussi judicieusement renforcé dans son caractère industriel par l’affirmation de la sérialité comme « instrument» de composition.